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épisode 37

Génocide à la machette

Rwanda, 1994

publié le 8 février 2019

compléments

radio mille collines

Condamnée par le tribunal international pour le Rwanda pour génocide et incitation au génocide, la station RTLM, Radio Television Libre des mille collines a déversé un flot de propos haineux entre juillet 93 et juillet 94.
Propagande anti-Tutsis, anti-modérés et anti-Occidentaux, comparant les tutsis à des cancrelats à exterminer, elle a joué un grand rôle dans la diffusion de l’idéologie extrémiste dans les couches populaires de la population, ayant su s’imposer grâce à des programmes musicaux entrecoupés d’émissions satiriques.

opérations françaises

Alliée du Rwanda, la France a soutenu le petit pays en 1990 quand il a été envahi par les forces du FPR venues d’Ouganda. C’était une force étrangère attaquant un pays allié, il était logique que la France intervienne pour ne pas perdre son influence dans la région. Officiellement cette opération baptisée Noroît avait pour objectif d’évacuer les ressortissants occidentaux mais les 300 militaires envoyés sur place assureront aussi un soutien et la formation des forces armées rwandaises, parmis lesquelles de futurs génocidaires.
Fin juin 1994, ce sont cette fois plus de 2500 soldats français qui sont missionnés par l’ONU pour faire cesser les massacres. C’est l’opération baptisée Turquoise.
Si les forces françaises ont assurément permi de protéger des tutsis, l’opération a été et reste encore critiquée pour l’ambiguïté de certaines de ses actions. La France aurait par ailleurs continué à fournir des armes au régime hutu jusqu’en août 94.

Madame Habyarimana

Agathe Habyarimana, femme du président rwandais mort dans l’explosion de son avion est considérée par certains comme un des rouages du déclenchement du génocide rwandais. Elle a été exfiltrée par le Zaïre voisin avec d’autres dirigeants rwandais. Accueillie par la France, elle y réside depuis 1994 de façon irrégulière mais avec la bienveillance d’une administration prise par une étonnante inertie. Une information judiciaire est ouverte contre elle, elle a été interpellée en 2010 puis laissée libre sous contrôle judiciaire. Il est peu probable qu’elle soit extradée malgré les demandes de la justice rwandaise.

représailles

Un rapport de l’ONU paru en 2010 met en cause l’armée rwandaise avec d’autres forces armées entre 1996 et 1998 dans des actions d’attaques contre les camps de réfugiés à l’est de la République Démocratique du Congo, ex-Zaïre, voisine directe du Rwanda. Beaucoup de Hutus, plus d’un million, ont en effet fui le pays à l’arrivée du Front Patriotique Rwandais.
Parmi ces réfugiés, beaucoup de génocidaires en fuite de peur des représailles. Il semblerait que ces actions de choc soient justement une forme de représailles qui, selon le rapport « pourraient être qualifiés de crimes de génocide » à leur tour, on parle ici de plusieurs dizaines de milliers de morts.
Ce rapport est depuis brandi par les négationnistes du génocide pour relativiser les massacres.

D’une façon plus générale, depuis 1990, la guerre civile, le génocide et les guerres qui ont suivi dans la région des grands lacs auraient fait plus de 6 millions de victimes.

Iconographie

Webographie

  1. Wikipedia (article sur le génocide des tutsi au Rwanda)
  2. www.afrik.com (site d’actualité africaine qui recense des articles sur le sujet)
  3. Des cendres dans la tête (projet documentaire du réalisateur belge Patrick Séverin)
  4. www.kwibuka.rw (site commémoratif et didactique rwandais sur le génocide)
  5. Médiapart (dernières analyses sur le soutien de la France au régime hutu)
  6. Rapport de l’ONU (sur les violences en RDC entre 1993 et 2003)

Bibliographie

  1. Jean Hatzfeld, Une saison de machettes, Editions du Seuil, 2003, 312p.

Musique

Marche funèbre d’une marionnette de Charles Gounod interprété par l’Eastern Wind Symphony