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épisode 43

Glavnoïe Oupravlénié Laguéreï

URSS, entre 1929 et 1953

publié le 6 août 2019

compléments

La difficile estimation des victimes

Sans statistiques précises ou fiables, estimer les victimes des camps soviétiques est une affaire délicate. Comment additionner les différentes périodes, les usages des différents camps, comment différencier prisonniers de droit commun et politiques ?
Surtout que dans la période il y a le grand chamboulement de la seconde guerre mondiale et sa cohorte de confusions. Les experts se querellent et les pièces sont discutées selon leurs provenance. Toute évaluation haute ou basse est soupçonnée de biais idéologiques. L’estimation minimale à peu près consensuelle évoque 28 millions de personnes déportées dans ces camps pour des périodes plus ou moins longues. Pour ce qui est du nombre de victimes, les documents sont encore à synthétiser, l’ouverture des archives soviétiques a permis de comptabiliser au moins un million de morts entre 1934 et 1947, le chiffre indiqué dans la vidéo est une moyenne globale.

Beria

Lavrenti Pavlovitch Beria est considéré comme l’âme damnée de Staline. Géorgien comme lui, chef des services secrets et de la bombe atomique soviétique, il contribue généreusement au remplissage des camps. Mais dès la mort de Staline il va démanteler le système du Goulag avec une étonnante rapidité, graciant plus d’un million de prisonniers et transmettant l’administration des camps au commissariat du peuple à la justice.
Ce qui n’empêchera pas qu’il sera arrêté pour espionnage trois mois à peine après la mort de Staline puis exécuté rapidement dans des conditions encore discutées

les koulaks au goulag

Il ne faut pas confondre Goulag, direction des camps de travail soviétiques, et Koulaks, désignation péjorative des paysans propriétaires, de terres, de bétail, de matériel ou tout simplement d’outils.
Les koulaks seront la cible de l’idéologie communiste, spécialement de Staline qui organisera une dékoulakisation entre 1929 et 1933.
Une grande partie de ces koulaks seront envoyés au Goulag, ce qui n’est pas fait pour simplifier les choses…

goulag et littérature

Les camps de travail soviétiques servent de décor à des oeuvres de fiction parmi lesquelles la série de bande dessinées de Guy Mouminoux alias Dimitri, le Goulag, ou plus récemment, Little Tulip de François Boucq et Jérôme Charyn.
Mais ce qui a fait connaître le système du Goulag au reste du monde ce sont les livres d’Alexandre Soljenitsyne, comme Une journée d’Ivan Denissovitch publié en URSS en 1962 ou l’Archipel du Goulag publié à Paris en 1973 et qui décrit dans le détail le système carcéral soviétique.
Communiste convaincu, officier décoré pendant la seconde guerre mondiale, Soljenytsine sera envoyé huit ans en camps de travail pour avoir critiqué Staline dans une correspondance privée en 1945. Il sort en 1953 et écrira ses livres dans la clandestinité.
Condamné à l’exil en 1974, il vivra en Suisse et aux États-Unis pour revenir en Russie en 1994 où il meurt en 2008. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1970.

Iconographie

Webographie

  1. Wikipedia (Goulag)
  2. Russia Beyond (Six russes célèbres qui ont été envoyés au Goulag)
  3. Virtual Gulag museum (Musée virtuel des camps soviétiques)
  4. Paroles d’Histoire (Entretiens avec Juliette Cadiot et Marc Elie sur leur livre l’Histoire du Goulag)

Bibliographie

  1. Anne Applebaum, Goulag, une histoire, Ed. Grasset 2005, 716p.
  2. Alexandre Soljenitsyne, L’archipel du Goulag, Seuil, 1974, 446p.
  3. suggéré dans les commentaires : Jean-Jacques Marie, Le Goulag, Puf, 1999, 127p.
  4. suggéré dans les commentaires : Nicolas Werth, La route de la Kolyma, Paris, Belin, 2012, 240 p.

Musique

Sonata pour Piano N°11 K331 de Wolfgang Amadeus Mozart interprété par Eduardo.