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épisode 44

Les vêpres Siciliennes

Italie, 1282

publié le 28 septembre 2019

compléments

Mafia

Une etymologie fantaisiste fait remonter l’origine du mot MAFIA à cette époque, acronyme de Morte Alla Francia ! Italia Aviva mais le mot est évidemment bien plus récent, datant du XIXe siècle, même si son étymologie est un peu floue.
Ce qui semble attesté par les historiens par contre c’est que ce massacre porte les premiers germes d’une unité italienne, première véritable révolte contre un occupant étranger, le soulèvement sicilien a marqué durablement l’imaginaire local, surtout que Charles d’Anjou meurt trois ans après, sans être parvenu à reprendre pied sur l’île.

Sperlinga résistante

 
 
Quod Siculis placuit, sola Sperlinga negavit

Petite ville du centre de l’île, à l’époque simple fort de garnison, Sperlinga a fait office d’exception lors du massacre des français et aurait accueilli et protégé des soldats fuyant le massacre.
Une inscription latine gravée au XVIIe sur le fronton du château en témoigne qui signifie ce qui a été fait par la Sicile, seule Sperlinga l’a refusé et est devenue plus généralement une expression pour signifier la résistance d’un petit groupe contre un événement historique.

 

Historiographie des vêpres siciliennes

Le massacre des français de Sicile a eu un grand retentissement à la fin du XIIIe siècle en Europe. Un historien spécialiste de l’évènement a dénombré 18 récits contemporains, écrits à la fin du XIIIe, par des italiens, des catalans, un français et un anglais, dont 10 écrits par des auteurs ayant été témoins directs du massacre.
Au XIVe siècle une vingtaine d’autres récits seront écrits, qui en rajoutent souvent sur les atrocités, certains évoquant même des siciliens buvant le sang des français massacrés. Il faut d’ailleurs attendre le XVe siècle pour qu’un auteur évoque la sonnerie des vêpres, l’office du soir, dont le nom sera associé au massacre.
Si l’évenement a autant marqué c’est par le nombre des victimes, la brutalité du massacre et surtout par le fait que c’était un massacre qui opposait deux camps de la même religion, Martin IV, le Pape de l’époque, a été très fâché contre les siciliens pour avoir assassiné d’autres chrétiens, surtout que les français étaient directement impliqués dans sa stratégie politique. Il a envoyé aux siciliens une lettre courroucée qu’il commence même en les traitant de juifs !
 

Aux perfides juifs de l’île de Sicile : le pape Martin IV vous fait donner tel salut que vous le méritez après avoir rompu la paix, tué des chrétiens et versé le sang de ses fils.


Verdi

Les Vêpres Siciliennes est le titre d’un opéra de Guiseppe Verdi, créé en 1855 à Paris sur un livret d’Eugène Scribe et de Charles Duveyrier. L’opéra est le premier de Verdi écrit en français et rencontre un grand succès à sa création, joué soixante-deux fois à l’Opera de Paris, même s’il est maintenant assez rarement produit.
Il raconte une histoire d’amour entremêlée de politique sous une occupation militaire. Le massacre commence à la fin du dernier acte et a donc assez peu d’importance dans le récit. Étonnament, la version italienne de l’Opéra prend place au Portugal sous l’occupation espagnole, la situation en Sicile en 1850 étant jugée trop critique par les auteurs - à l’époque la péninsule est secouée par des batailles pour l’unification italienne - ils jugent donc plus convenable de renommer l’opéra Giovanna de Guzman et de transférer l’action sous des latitudes politiquement moins sensibles.

Iconographie

Webographie

  1. Wikipedia (Les vêpres siciliennes)
  2. Wikipedia (Charles d’Anjou)

Bibliographie

  1. François Bérenger, Moranu li Franchiski ! Les vêpres siciliennes et leur traitement à travers les siècles, dans Le Massacre objet d’Histoire Ed. Folio Histoire 2005, 558p.
  2. Guy Richard, L’histoire inhumaine : Massacres et génocides des origines à nos jours, Paris, Armand Colin, 1992, 479 p.
  3. H. Possien et J. Chantrel, Les vêpres siciliennes ou l’histoire de l’Italie au XIIIe siècle, Debécourt libraire éditeur, 1843, Paris. 460 p.

Musique

Concerto pour clavecins d’Antonio Vivaldi interprété par Sylvia Marlowe.