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épisode 33

le génocide Arménien

Turquie, 1915

publié le 26 octobre 2018

compléments

Massacres précurseurs

Vingt ans avant le génocide de 1916, les arméniens et chrétiens de l’Empire Ottoman avaient déjà fait l’objet de massacres sous le règne du sultan Abdülhamid II, accusés d’avoir profité de la défaite ottomane dans la guerre russo-turque de 1878. Entre 1895 et 1897 ces massacres hamidiens avaient déjà fait plus de 200 000 victimes. En décembre 1895, plus de 2500 arméniens sont notamment brûlés vifs dans l’église où ils sont réfugiés à Ourfa.
En 1909, le massacre d’Adanna fait de nouveau près de 30 000 victimes arméniennes boucs émissaires considérés à l’époque comme anormalement prospères.

Problématique reconnaissance

Le génocide Arménien fait l’objet de tensions entre la Turquie et toute institution ou état qui cherche à accompagner la communauté arménienne vers une reconnaissance officielle du génocide.
Les prétextes invoqués par la Turquie pour contester cette reconnaissance sont principalement que l’Empire Ottoman impliqué à l’époque n’a pas grand chose à voir avec l’actuelle Turquie, fondée en 1923.
La Turquie avance également l’argument que les massacres sont réalisés en temps de guerre, n’oublions pas qu’à la même époque, sur la cote ouest se tient la bataille des Dardanelles où près de 500 000 hommes trouvent la mort, en Europe se prépare la bataille de Verdun.
Les personnes tuées dans l’Empire Ottoman pour assurer la paix intérieure ne l’auraient été que sur des accusations de trahison. Qu’ils aient été principalement arméniens ne serait qu’un hasard. On peut d’ailleurs faire remarquer qu’ils n’étaient pas les seuls à être massacrés, les grecs pontiques et les syriens chrétiens l’étaient aussi, on parle à la même période d’un génocide assyrien qui aurait fait plus de 500 000 morts.

Talaat Pacha, leader des Jeunes-Turcs déclarait :

Ces mesures préventives furent prises dans tous les pays pendant la guerre, mais, si les résultats regrettables ont été passés sous silence dans les autres pays, l’écho de nos actions s’est fait entendre partout parce que tout le monde avait les yeux fixés sur nous.

Enfin il ne faut pas oublier la dimension économique du problème ; la majorité des Arméniens ayant été spoliés de leurs biens financiers et terriens, beaucoup craignent que la reconnaissance officielle implique des dédommagements, surtout que l’Arménie est devenue un pays indépendant en 1991 après l’effondrement du bloc soviétique.
Le premier état à reconnaître officiellement les massacres des Arméniens comme un génocide est l’Uruguay en 1965, la France le fait officiellement en 2001.

 

Talaat Pacha

Leader du mouvement Jeunes-Turcs né en 1874, Mehmet Talaat Pacha est considéré comme le principal organisateur du génocide arménien, alors ministre de l’intérieur et grand Vizir de l’Empire. À la fin de la guerre, il se réfugie en Allemagne et réside à Berlin jusqu’en 1921 où il est assassiné par Soghomon Tehlirian, un jeune Arménien.
Le procès très médiatisé de l’assassin aboutit contre toute attente à son acquittement, les avocats ayant principalement misé sur le lien avec le génocide de 1915. On peut donc considérer que ce procès a d’une certaine manière été le premier élément officiel de reconnaissance du génocide, par la république de Weimar, six ans seulement après les faits.

Iconographie

Webographie

  1. wikipedia (article sur le génocide Arménien)
  2. wikipedia (article sur la reconnaissance politique du génocide)
  3. Youtube (Documentaire “La vengeance des Arméniens” sur le procès Tehlirian, Arte 2014)
  4. Site arménien (rassemblant informations et documents sur le Génocide)

Bibliographie

  1. David El Kenz (sous la direction de), Le massacre objet d’histoire, Paris, Gallimard Folio histoire, 2005, 560p.

Musique

Sonate pour piano en Fa Majeur de Franz Joseph Haydn interprétée par Ivan Ilic